Une nouvelle ère pour les relations presse : celle de la voix
Avec la prolifération des assistants vocaux comme Google Assistant, Amazon Alexa ou encore Siri d’Apple, les interactions entre les marques et les consommateurs évoluent rapidement. En 2024, la voix s’impose comme un canal stratégique et incontournable pour les professionnels de la communication et du marketing. Ces interfaces conversationnelles modifient la manière dont l’information est recherchée, consommée et transmise. Ainsi, adapter les relations presse aux assistants vocaux devient une nécessité pour rester visible et audible dans un paysage médiatique en mutation constante.
Les assistants vocaux : une montée en puissance dans la consommation d’informations
Les assistants vocaux sont désormais présents dans des millions de foyers et d’appareils mobiles à travers le monde. D’après le rapport de Statista de 2023, plus de 8 milliards d’assistants vocaux numériques étaient utilisés dans le monde, un chiffre en constante augmentation. Cette technologie est intégrée dans des enceintes connectées, des smartphones, des téléviseurs intelligents et même dans des véhicules. Pour les utilisateurs, la voix représente une alternative plus naturelle et rapide pour accéder à l’information, qu’il s’agisse des actualités, de la météo ou des événements récents.
Ce changement d’usage impacte directement les pratiques des relations presse. Là où la presse écrite et les communiqués traditionnels dominaient, la recherche d’information par commande vocale introduit de nouveaux codes. Les requêtes vocales sont souvent plus conversationnelles et orientées vers des réponses immédiates sous forme de résumés.
Ce que change la recherche vocale pour les professionnels des relations presse
La recherche vocale impose de nouveaux impératifs dans la manière dont les contenus d’information doivent être rédigés, structurés et diffusés. Voici les principales conséquences observées :
- Rédaction optimisée pour les requêtes conversationnelles : Les assistants vocaux reposent sur des requêtes formulées naturellement, souvent sous forme de questions (ex : « Quel est le dernier communiqué de presse d’Apple ? »). Il est donc essentiel d’adapter la structure des documents pour y répondre.
- Visibilité sur les Featured Snippets : Les assistants vocaux utilisent souvent les extraits optimisés (ou « Featured Snippets ») affichés en position zéro sur Google. Il est donc crucial de rédiger vos contenus pour qu’ils soient identifiés comme tels par les moteurs de recherche.
- Format court et synthétique : Les réponses vocales doivent être concises. Les journalistes et experts en RP doivent maintenant se former à la rédaction de contenus condensés, tout en conservant l’essentiel du message.
- Utilisation des balises Schema.org : Intégrer des balises de données structurées à vos contenus de presse permet aux assistants vocaux de mieux les comprendre et de les croiser avec les intentions de recherche.
L’adaptation des communiqués de presse à la voix
Pour s’aligner sur cette nouvelle ère, les communiqués de presse doivent désormais être réimaginés. Le modèle classique, souvent dense et hiérarchisé selon la pyramide inversée, ne correspond pas toujours aux critères de l’écoute vocale. Voici quelques bonnes pratiques à adopter :
- Inclure une FAQ dédiée : Ajouter une section de questions-réponses au bas d’un communiqué permet aux assistants vocaux de comprendre plus facilement les intentions de recherche. Par exemple : « Qu’a annoncé l’entreprise dans ce communiqué ? » ou « Quand aura lieu le lancement produit ? »
- Optimiser les titres et intertitres : Des titres clairs, informatifs et basés sur des questions pertinentes aideront les moteurs à extraire l’information directement pour une réponse vocale.
- Privilégier le langage naturel : Même dans un cadre professionnel, employer un ton plus conversationnel facilite l’indexation vocale. Pensez à la manière dont vos publics cibles parleraient à leur assistant vocal.
- Utiliser des balises structurantes : Pour les mises en forme sur les sites Internet, les balises telles que
<h2>,<p>et les listes améliorent automatiquement la lisibilité et la compréhension par les algorithmes vocaux.
L’importance croissante du référencement vocal (VEO : Voice Engine Optimization)
Le Search Engine Optimization (SEO) traditionnel cède progressivement la place à une nouvelle discipline : le Voice Engine Optimization. Là où le SEO procédait par mots-clés écrits, le VEO mise sur l’oralité et la logique d’énonciation. Il est recommandé d’utiliser :
- Des mots-clés longue traîne, proches de la formulation orale
- Des micro-contenus adaptés aux requêtes spécifiques (calendriers d’événements, notes d’entreprise, chiffres-clés)
- Des syntaxes simples, sans subordonnées complexes ni jargon technique
Le VEO repose aussi sur un travail technique important : performance mobile de votre site, rapidité de chargement, balisage sémantique, optimisation des extraits enrichis. Ces critères sont pris en compte par les moteurs vocaux pour évaluer la pertinence d’un contenu énoncé à voix haute.
Créer des contenus audio adaptés aux interfaces vocales
Au-delà des contenus écrits adaptés à la recherche vocale, les marques peuvent directement proposer des contenus audio conçus pour les assistants. Par exemple :
- Des news briefings quotidiens via Alexa ou Google News, contenant des mises à jour presse condensées
- Des podcasts corporate intégrés aux plateformes d’assistants vocaux
- Des fiches entreprise parlées à travers des actions vocales (Google Actions) ou skills Alexa
Déployer une stratégie vocale implique souvent de collaborer avec des développeurs spécialisés dans les interfaces conversationnelles et des agences de création audio, pour veiller à l’expérience utilisateur. Ces innovations permettent à une entreprise d’asseoir sa légitimité et de démontrer sa capacité à innover en matière de communication digitale.
Les aspects juridiques et RGPD liés aux assistants vocaux
Lorsque les informations sont diffusées via la voix, des questions relatives à la confidentialité, au traitement des données et au droit à l’image sonore peuvent se poser. Dans l’Union Européenne, ces pratiques sont encadrées par le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD, Règlement UE 2016/679).
Il est essentiel d’assurer :
- La transparence dans la collecte de données vocales des utilisateurs (consentement préalable)
- La conformité des contenus diffusés en tant que données personnelles (notamment lors de podcasts ou interviews avec des collaborateurs)
- Une politique d’archivage clair des contenus sonores partagés publiquement
De plus, selon les recommandations de la CNIL (Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés), les entreprises doivent veiller à sécuriser les informations transmises vocalement et respectant la vie privée des interlocuteurs. Un contenu de communiqué destiné à un assistant vocal doit être traité comme n’importe quel autre média diffusé publiquement.
Vers une intégration de la voix dans les stratégies globales de relations presse
Les professionnels de la communication doivent dès à présent intégrer la dimension vocale dans leurs stratégies de relations presse. Cela signifie former les équipes à la rédaction adaptée, collaborer avec des spécialistes VEO, et anticiper l’évolution des technologies vocales dans les mois à venir. L’édition 2024 du rapport Gartner sur les tendances marketing digitales confirme d’ailleurs que la voix constituera un des principaux axes d’innovation en communication corporate.
En anticipant ces évolutions, les services presse et les agences de relations publiques renforcent leur visibilité, gagnent en impact médiatique et améliorent leur capacité à toucher des audiences plus larges et plus diversifiées.
À l’ère de l’intelligence artificielle, de l’accessibilité et de la recherche conversationnelle, la voix est un outil stratégique qui redéfinit les contours de la communication institutionnelle. Pour rester présent dans l’écosystème informationnel, il est indispensable d’adapter les pratiques des relations presse à l’univers vocal de demain.